Michel Leiris, L'âge d'homme

Publié le par ognunoeciochemangia

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«Faire un livre qui soit un acte, tel est, en gros, le but qui m'apparut comme celui que je devais poursuivre, quand j'écrivis l'Age d'Homme».

"L'âge d'homme" est sûrement le livre le plus célèbre de Michel Leiris. Publié en 1939, ce récit autobiographique retrace la vie (enfance et jeunesse pour atteindre "l'âge d'homme"), les impressions, les sensations, les découvertes de l'écrivain depuis son enfance sous la forme de l'introspection. Leiris dresse un autoportrait physique et psychologique particulièrement dévalorisant en abordant les thèmes suivants: la mort, le suicide, l'âme, ses obsessions sexuelles, le vieillissement...Leiris s'identifie à deux figures mythologiques féminines: Judith (celle qui décapita Holopherne) et Lucrèce (violée par Sextus Tarquin, le fils de Tarquin Collatin son propre époux). Ces deux figures correspondent à l'idée que se fait Leiris de la femme concernant l'amour: «je ne conçois guère l'amour autrement que dans le tourment et dans les larmes; rien ne m'émeut ni ne me sollicite autant qu'une femme qui pleure (Lucrèce), si ce n'est une Judith avec des yeux à tout assassiner». L'auteur utilise l'écriture comme un moyen de connaissance: une analyse de soi-même mais aussi l'appréhension du monde qui l'entoure.

Il ne faut surtout pas considérer l'intérêt de ce livre comme une vaine catharsis complaisante de la part de l'auteur mais plutôt comme un besoin d'écrire; l'art comme seule échappatoire à "l'enfer de vivre"! ...

Voici des extraits dont la prose ou certains thèmes abordés par Leiris ne laissent pas indifférents:

"Quel que fût le rôle nettement spéculatif que j'assignais alors à la poésie, je trouvais dans le maniement du langage un certain plaisir sensuel - goûtant le poids et la saveur des mots, les faisant fondre dans ma bouche comme des fruits - et ce plaisir prenait le pas, dans l'ordre de mes préoccupations, sur les jouissances proprement érotiques."

" Ma vie est plate, plate, plate. Mes yeux seuls y voient des cataclysmes. Au fond je ne redoute vraiment que deux choses: la mort et la souffrance physique. Des maux de dents m'ont empêché de dormir, je ne pourrais guère en dire autant de mes souffrances morales. Après ces découvertes, je devrais bien me suicider, mais c'est la dernière chose que je ferai."

 

Publié dans letteratura

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